Τετάρτη 2 Μαρτίου 2011

JOHN HALL SPENCER:LA BATAILLE DE CRÈTE

CHAPITRE VIII
LES PARACHUTISTES étaient descendus sur la hauteur au-dessous des pièces de 101, sur l'aérodrome lui-même, et dans la brèche existant entre le camp nord et le pont. La plupart des planeurs s'étaient posés dans l'angle mort du lit desséché de la Tavronitis.
Un certain nombre d'aviateurs furent vite faits prisonniers, dont le sergent Harold Wilkinson, de Middles-borough. Il fut bien traité, les parachutistes, qui avaient d'autres soucis en tête, l'ignorèrent. Mais un officier vint ordonner au groupe de trente à quarante prisonniers d'avancer, les bras levés, pour constituer un écran protecteur devant ses hommes. Ils tombèrent bientôt sous le feu des Néo-Zélandais. Les Allemands ripostèrent en tirant à travers eux ou en lançant des grenades par-dessus leur tête.
Le lieutenant Crowther — noté, par les marins, comme « ayant la confiance de ses hommes et possédant des qualités de chef » — lança une contre-attaque à partir des positions de la compagnie C. Avec un groupe mixte de soldats et d'aviateurs, il libéra Wilkinson et les prisonniers encore vivants.



Le second maître Wheaton, affecté à Malème par le porte-avions Eagle, fut également fait prisonnier. On le désarma et on le fouilla. Puis un officier vint l'arracher, avec un aviateur, au confortable anonymat d'un groupe. Il leur remit à chacun un pavillon rouge, portant la swastika. Puis il leur dit d'avancer dans une direction qu'il montra avec son pistolet pour inviter les soldats britanniques à se rendre. Wheaton et l'aviateur se mirent en marche, après avoir convenu de s'évader à la première occasion favorable. Six Allemands, armés de mitraillettes, les suivirent.
Après avoir franchi une crête, ils aperçurent les premiers Néo-Zélandais. « Rendez-vous ! » cria Wheaton en fonçant vers la tranchée tandis que les balles — britanniques ? allemandes ? — sifflaient autour de lui. Il atteignit son but sans avoir été touché. Après avoir refoulé les Allemands, les Néo-Zélandais allèrent chercher l'aviateur ; il était grièvement blessé dans le dos.
Wheaton fut dirigé sur le PC du colonel Andrew, installé sur la pente orientale de la cote 107. Il traversa la 15e section, établie en bordure occidentale de l'aérodrome. Le lieutenant Sinclair, qui la commandait avait été blessé au cou. Pendant une heure, avant de s'évanouir sous la perte de sang, il essaya vainement de mettre le feu à un dépôt d'essence, à côté d'un stock de bombes d'avion.
Près de lui, un soldat était mort dans des conditions dignes de la tradition naguère amorcée dans les Flandres. Une grenade étant tombée dans la tranchée, le soldat de lre classe IVtehaffey jeta son casque sur elle et, pour sauver la vie de ses deux camarades, sauta sur ce casque. Il eut les deux pieds arrachés et succomba peu après. En France, pendant la Première Guerre mondiale, ce geste aurait été marqué par l'attribution de la Victoria Cross, mais le 20 mai 1941, il ne suffisait plus.
Wheaton parvint sain et sauf au PC du 22e bataillon. Le colonel Andrew, grand, mince, porteur d'une petite moustache noire, y manifestait le plus grand sang-froid. Pendant le bombardement du matin, un éclat l'avait frappé au-dessus de la tempe, il l'arracha lui-même et ne s'en occupa plus.
Lors de la première revue du bataillon, au camp de Trentham, en Nouvelle-Zélande, il avait dit à ses hommes :
—Je m'appelle Andrew. A-N-D-R-E-W, sans « S », et désormais c'est moi le patron !
Les hommes ressentirent cette discipline très stricte et ils effectuèrent plus d'exercices et de marches que n'importe quelle autre unité de l'armée néo-zélandaise. Mais ce jour-là, où plus de 600 parachutistes allemands sautèrent sur eux, et quoique le colonel Andrew n'exerçât plus le commandement direct, la discipline qu'il avait imposée à ses hommes fit ses preuves. Sous les oliviers et dans les vignobles, ils n'eurent pas besoin de chef pour se battre avec le plus magnifique courage, à la manière qui avait valu la Victoria Cross à Andrew lors du premier conflit mondial.
Le second maître Wheaton rencontra son propre chef, le capitaine de frégate George Beale, chef des 805e et 815e groupes de l'Aéronavale. Il se trouvait dans l'abri et avait été blessé à la poitrine.
Au début de l'attaque, Beale n'ayant pas de poste de combat précis, alla voir le lieutenant-colonel Howell, officier aviateur le plus ancien, et ils décidèrent de regagner leur ancien PC pour y détruire des documents secrets. Ils avancèrent à découvert et, en cours de chemin, aperçurent un parachute vert. Ils regardèrent autour d'eux. Pas d'Allemands, pas de mouvements sous les oliviers ; ils continuèrent leur route.
Une soudaine rafale de mitraillette toucha Howell aux deux bras. Une balle atteignit Beale à la poitrine mais ricocha sur une côte. Il se coucha pour se panser sommairement, puis se traîna jusqu'à Howell, alors en très mauvaise condition. Il réussit à placer des tourniquets en haut des bras. Howell gardait toute sa connaissance. Tous deux essayèrent de regagner le PC. Howell ne tarda pas à tomber et il dit à Beale de le quitter. Celui-ci ne s'y décida qu'a contrecœur. Un peu plus loin, il rencontra des hommes de la RAF et repartit avec deux d'entre eux pour ramener leur chef. Au moment où les aviateurs allaient emporter Howell sur un brancard improvisé, une grenade tomba à côté d'eux. Quand Beale retrouva ses esprits, il constata que les deux hommes avaient disparu. Arrivé au sommet de la hauteur, il envoya d'autres aviateurs à leur recherche, mais ceux-ci, si tant est qu'ils atteignirent Howell, le laissèrent pour mort. Les deux officiers devaient se retrouver à Athènes, comme prisonniers de guerre.
Les hommes de la RAF réagirent diversement, beaucoup de façon excellente. Le caporal Denton, par exemple, manifesta le plus authentique courage durant la bataille. Il servit une mitrailleuse Lewis, prise sur un avion avarié du 815e groupe, au pied de la hauteur, en bordure de l'aérodrome. Il lui sembla être entouré par une multitude de parachutistes, tira sur eux dans l'air et au sol, puis, n'ayant plus de munitions, gagna la position défensive, au sommet de la hauteur.
Des hommes des équipes d'entretien, en revanche, se considérèrent comme des non-combattants et estimèrent qu'ils n'avaient pas à se souiller les mains dans cette œuvre de défense qui concernait uniquement les soldats. Ils constituèrent une gêne pour les Néo-Zélandais et il fallut les renvoyer à l'arrière.
Dans le secteur néo-zélandais, les diverses unités conservèrent un indépendance ridicule. Les Marines des batteries antiaériennes, les hommes de la RAF, les marins refusèrent de se placer sous l'autorité du colonel Andrew, malgré les énergiques représentations de celui-ci. Chaque groupe maintint même son propre mot d'ordre, sans en référer aux Néo-Zélandais.
En dehors de Wheaton, plusieurs hommes de l'Aéronavale essayèrent de venir en aide au commandant Beale. Le premier maître Hall, qui avait quitté le gros du 805e groupe — une quarantaine d'hommes armés de mitrailleuses Browning, prises sur des Fulmar, et de fusils, qui tinrent toute la journée sous des assauts constants — alla chercher du rhum et des vivres. Il trouva Beale et lui donna un peu de rhum, avant de rejoindre son groupe.
Le lieutenant de vaisseau Ramsay, de la Réserve volontaire, qui avait volé, le 17, sur le seul avion encore disponible, un Hurricane, et qui, la veille encore, avait abattu deux allemands, vit également Beale au camp du 805e.
Ramsay y venait pour détruire ses documents secrets et l'appareil I.F.F (Identification Friend or Foe) qui se trouvait sous sa tente. Il voulut, ensuite, obtenir une aide médicale pour Beale d'un poste de secours régimen-taire qui, lui déclara-t-on, était installé au flanc de la hauteur. Il ne le découvrit pas et ne revint pas près de Beale.

Les hommes de l'Aéronavale manifestèrent, en règle générale, un moral plus élevé que ceux de la RAF, largement, dit le lieutenant de vaisseau Sutton, à cause de Ramsay ; ses hommes avaient confiance en lui et lui prenait ses responsabilités.
Ramsay lui-même a rédigé un rapport. Il nota que les parachutistes sautèrent principalement sur le côté occidental de la hauteur, près des camps nord et sud, et ce fut la première partie de la position à être prise. « Une contre-attaque, lancée par quinze ou vingt hommes, réussit presque à dégager le sommet, mais en fut empêchée par le tir continuel des mortiers établis dans le lit de la rivière. Pendant ce temps, des groupes circulaient sans arrêt sur l'aérodrome et la hauteur, sans qu'il fût possible de savoir s'il s'agissait d'amis ou d'ennemis. Beaucoup de cris s'échangeaient, le vocabulaire naval constituant la meilleure clef d'identification.  »
Les dispositions prises par les hommes de l'Aéronavale obéirent en général à l'inspiration de ceux-ci et, parfois, aux indications d'un officier au courant de la situation — du colonel Andrew, par exemple — mais, dans la plupart des cas « personne ne s'intéressa à nous ».
L'expérience faite par Sutton le confirme. Il se trouvait dans un léger repli de la hauteur dominant l'aérodrome. Il élargit cet abri naturel avec une baïonnette, lui donnant une profondeur d'une soixantaine de centimètres, et tira sur les parachutistes qui descendaient de l'autre côté du revin. « La situation était extrêmement alarmante, écrit-il dans son rapport. On voyait des parachutistes partout — devant, à 200 mètres à gauche, derrière, sur la hauteur... Personne ne savait ce qui se passait. Nous ne reçûmes aucune directive de l'armée. Nous nous bornâmes à tenir sur place pendant toute la journée. »
Les planeurs ne cessaient d'arriver. Les chasseurs et les bombardiers en piqué attaquaient sans arrêt. Les Royal Marines continuèrent à servir leurs canons tant que ceux-ci ne furent pas détruits.
Chez les Allemands, la collaboration air-sol fonctionna de façon impeccable. Tout emplacement de mitrailleuse était attaqué par les avions dans la minute qui suivait sa détection.
En attaquant le camp de la RAF, comme le vit Ramsay, les Allemands trouvèrent incontestablement le point faible de la défense néo-zélandaise. A cause de ce camp, la 15e section de la compagnie C n'avait pas établi de liaison solide avec la section septentrionale de la compagnie D. Une ligne de défense convenable eût dû traverser le mess des officiers ce qui était vraiment « impensable ».
L'attaque allemande revêtit un caractère spectaculaire mais n'atteignit pas, au début, l'efficacité qu'on eût pu lui supposer. Le rapport rédigé le 28 novembre 1941, par la IVe Flotte aérienne, déclare que le débarquement de Malème « s'effectua sous un feu d'infanterie intense, à partir de positions qui n'avaient pas été repérées par l'air au préalable, en particulier sur les pentes au sud de l'aérodrome. Certains parachutistes furent tués pendant la descente, d'autres peu après leur arrivée au sol. »

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